dimanche 27 octobre 2013

“Un quartier lointain”, un saut dans le passé avec Jirô Taniguchi

Je viens de terminer Quartier lointain de Jirô Taniguchi et je peux vous dire que j’ai pris une vraie claque! C'est l'un des plus beaux mangas que j'ai pu lire ces dernières années.

Hiroshi Nakahara est un père de famille plutôt ordinaire de 48 ans. De retour d’un voyage d’affaires, Hiroshi se retrouve par mégarde dans un train en direction de sa ville natale, Kurayoshi, à trois heures de Kyoto. Arrivé sur place, il décide d’aller se recueillir au temple où reposent les cendres de sa mère. 

En traversant la ville, les lieux sont totalement méconnaissables. Même la maison de son enfance a complètement changé. Arrivé devant le temple Genzen, les souvenirs d’Hiroshi ressurgissent: la mort douloureuse de sa mère, la disparition étrange de son père, alors qu’il n’était qu’un adolescent… 

Tout à coup, quelque chose de totalement absurde se produit: il se retrouve catapulté 34 années en arrière, l’année de la disparition de son père. L’homme de 48 ans se retrouve “coincé” dans le corps de ses 14 ans. Hiroshi va retrouver sa famille intacte, exactement comme lorsqu’il avait 14 ans.

Son père et sa mère sont toujours en vie, sa petite soeur Kyoko est âgée de 11 ans et sa grand-mère maternelle vit dans la maison familiale, comme dans le bon vieux temps. Il y a cependant une chose qui a changé: Hiroshi n’est pas le même adolescent qu’il était à l’époque. Son esprit est celui d’un homme mûr de 48 ans, marié et père de deux filles. 

Même si au début, il pense faire un mauvais rêve, Hiroshi va finir par se réhabituer à sa vie d’adolescent. Il tentera de résoudre une question qui l’a hantée tout au long de sa vie: pourquoi son père est-il parti, sans prévenir, en une banale journée d’été? 

De retour au collège, Hiroshi va retrouver ses camarades de classe. Il épatera un bon nombre de ses acolytes grâce à son excellent niveau d’anglais et ses talents de sportifs (des talents qu'il n'avait pas à l'époque). Il tombera même sous le charme de l’une de ses camarades de classe, une certaine Tomoko, l’une des plus belles filles du collège. 

Un monde empreint de mélancolie et de nostalgie

Bon, voilà pour la mise en contexte. Racontée comme ça, l’histoire parait quelque peu invraisemblable… Pourtant, dès les premières pages, la magie opère instantanément. Le scénario est très bien ficelé, les personnages sont attachants et complexes. Les situations cocasses sont également au rendez-vous. Comment un adolescent avec l’intellect d’un homme de 48 ans pourrait-il passer inaperçu? Certains le trouveront étrange, alors que d’autres seront irrésistiblement attirés par la “sagesse” du jeune Hiroshi. 

Dans ce manga en deux volumes, Jirô Taniguchi nous transporte dans un monde empreint de mélancolie et de nostalgie. Un monde dans lequel il fait bon vivre. Un monde qui n’existe malheureusement plus. 

Tout est d’une incroyable simplicité, et je pense que c’est ce qui donne de la crédibilité à cette histoire (pourtant tirée par les cheveux). Jirô Taniguchi, comme à son habitude, nous plonge dans la vie quotidienne de ses personnages. La délicatesse de son crayon et la finesse de sa plume donnent lieu à une histoire touchante et authentique.



Hiroshi arrivera-t-il à connaitre les vraies raisons qui ont poussées son père à quitter sa famille? Réussira-t-il à changer le cours des choses? Pourra-t-il revenir dans le présent? 

Quartier lointain est avant tout l’histoire d’un homme qui redécouvre son passé. Grâce à son expérience d’homme adulte, Hiroshi est capable de mieux comprendre tous les détails de son enfance. Des détails qui lui avait jusqu’alors échappé… Il découvra même certains secrets bien gardés de sa famille. 

Un vrai coup de coeur. 

Quartier lointain, 1998, Jirô Taniguchi, Casterman, édition intégrale, 26 euros / 37$