mardi 29 octobre 2013

Chronique n°16: “Level 3”, l’excellent nouvel album de Perfume

Le 2 octobre dernier, le trio pop-électro Perfume a sorti Level 3, leur 4e album en carrière. Le disque, comme ses prédécesseurs, a été produit par l’inépuisable Nakata Yasutaka. Un disque qui est sans aucun doute l’un des meilleurs albums j-pop de l’année, et très certainement le meilleur du groupe japonais.

Nakata Yasutaka est l’un des producteurs-compositeurs-DJ japonais les plus talentueux de sa génération. Il fait partie du groupe Capsule. Il est le producteur du phénomène j-pop Kyary Pamyu Pamyu et il est l’homme derrière le succès phénoménal de Perfume, l’un des groupes féminins les plus populaires au pays du Soleil Levant. 

Contrairement à la majorité des autres formations féminines japonaises, le groupe Perfume a un argument solide pour plaire au public nippon: des compositions électro-pop extrêmement addictives et produites de main de maître par le talentueux Nakata Yasutaka. Les chansons de Perfume sont acidulées, parfois mièvres, mais rarement niaises (ok, certains de leurs titres sont vraiment très gnan-gnan, j’avoue…) 

Dans le passé, on a eu droit a des petits bijoux comme Electro World, Vitamin Drop et plus récemment, Spring of Life. Avec l’album Level 3, le groupe, et son producteur, passent à un niveau supérieur. Dès les premières notes de Enter the Sphere, la pièce d’ouverture du disque, on se rend compte que le son est plus “heavy”. Un son plus orienté dancefloor, moins acidulé qu’à l’habitude. Un son très similaire à celui de Stereo Worxxx, l’avant dernier album de Capsule

On enchaine ensuite avec le morceau Spring of Life remixé spécialement pour l’album. Wow, quelle énorme claque en pleine figure. La chanson est totalement méconnaissable. C’est dansant, entrainant et terriblement addictif. Magic of Love, le dernier single du groupe a lui aussi bénéficié d’un petit lifting. L’intro est un peu plus longue, l’instru a été légèrement agrémentée. L’ensemble est plutôt rose-bonbon, mais pas trop pour risquer une indigestion. 

La quatrième piste de l’album, Clockwork, a une instru répétitive. Juste assez pour vous rentrer dans le crâne pour ne plus en ressortir. C’est un morceau réussi, très réussi même… On enchaîne ensuite avec 1 mm. Ça sonne très année 80, vous savez un peu le genre de musique qu’on peut entendre dans les épisodes de City Hunter, lors d’un défilé de mode. Ça fait ressurgir tout plein de souvenirs dans ma tête. 1 mm est un morceau vraiment réussi. C’est légèrement rétro, tout en restant bien ancré dans le présent.


Bon, les choses se gâtent avec la piste suivante: Mirai no Museum (le musée du futur). Une chanson comme on en a déjà entendu encore et encore dans des animés… Ah oui, il faut savoir que le titre est la chanson-thème du dernier film de Doraemon. Là pour le coup, c'est vraiment gnan-gnan, et pas à peu près! 

Une véritable explosion dans vos oreilles! 


Mes attentes commencent à diminuer lorsque résonnent les premières notes de Party Maker. “What the fuck?”, c’est quoi cette tuerie? On se croirait catapultés dans une fête géante à Ibiza (le titre porte très bien son nom). Les filles de Perfume ne tiennent qu’un rôle mineur dans cette chanson. Leur voix ne font que mettre en valeur une excellente production électro de Nakata, résolument orientée pour les clubs. 

C’est une véritable explosion dans vos oreilles. Plus de sept minutes de pur bonheur! Wow! La cadence baisse d’un cran avec Furikaeruto Iruyo. L’instrumentalisation est assez minimaliste avec quelques petits accents futuristes. C’est “kawaii” (mignon), mais sans plus. Les deux pistes suivantes, Point et Daijyobanai, sont plus up-tempo. Elles sont agréables à l’écoute, mais pas vraiment accrocheuses. 

C’est alors que survient le feux d’artifice! Handyman, le onzième morceau de l’album, ne passe vraiment pas inaperçu. Le mélange des instruments est un peu curieux, surtout dans l’intro. Figurez-vous qu’on entend quelques notes du célèbre Billie Jean de Michael Jackson. Mais non, je vous assure que je ne suis pas fou… Quelques instruments orientaux (peut-être même des instruments japonais) viennent ponctuer le tout. Une savoureuse cacophonie. 

Yasutaka au sommet de son art 


Et que dire de Sleeping Beauty? En l’écoutant, j’ai instantanément pensé au cultissime Free Free d’Ami Suzuki (un “masterpiece” de Nataka Yasutaka). Une réussite TO-TA-LE!! Je pourrai même me permettre de qualifier ce titre de Free Free Part 2. C’est résolument électro, langoureux, planant, futuriste… L’ensemble est totalement maîtrisé. Yasutaka est au sommet de son art. Encore une fois, les filles du groupe ne font que mettre en valeur ce petit bijou électro. J’en reste sans voix… 

Vient ensuite Spending all my time, sorti en single en 2012, qui a également bénéficié d’un remix spécialement pour l’album. Alors que la version originale sonnait comme de la musique électro commerciale à la façon occidentale, la version remixée est un peu plus digeste. Elle s’intègre bien dans la playlist de l’album. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est loin d’être mauvais. 

Dream Land, la dernière piste de Level 3, a de fortes influences traditionnelles japonaises. La rythmique est plus lente. Les voix aigues de Ayaka “A-chan” Nishiwaki, Ayano “Nocchi” Omoto et Yuka “Kashiyuka” Kashino sont bien présentes. C’est une piste parfaite pour clore l’album; comme une sorte d’au revoir. 

Conclusion? 


Pas besoin d’être devin pour constater que j’ai particulièrement aimé le dernier disque de Perfume. Malgré quelques titres assez faibles, Level 3 n’en reste pas moins excellent. Nakata Yasutaka est au sommet de sa forme et nous propose ici un savant mélange de pop et d’électro. Un disque qui aurait très bien pu faire partie de la discographie de son propre groupe, Capsule. Comme le disait si bien un journaliste du Japan Times, Level 3 n’est pas un album de j-pop, mais bien plus que ça. Et il a totalement raison! 

Ma note: Un A+ bien mérité.